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Le « Tigrelion » était
de taille imposante et semblait bien décidé
à faire de Keirghar son petit
déjeuner… mais le nain n’avait pas
fait un si long voyage pour en arriver là. Il
fît face à cet énorme chat et commença
à faire tourner sa hache dans une sorte de danse
guerrière. Le félin grogna et se ramassa,
prêt à bondir. Lorsque les muscles se relâchèrent,
Keirghar eut une seconde pour réagir
et il administra une belle « claque » du
plat de la hache sur la tête de son agresseur.
Il savait que le combat à mort tournerait à
son désavantage et il était convaincu
que persuader son adversaire de trouver un déjeuner
moins coriace constituerait la meilleure des solutions.
Keirghar observa son environnement
: la place était couverte de gros rochers qui
entraveraient les mouvements de son adversaire et les
siens. Si sa petite taille le gênait pour sauter
de bloc en bloc, elle lui permettait au moins de se
protéger des attaques du félin en roulant
rapidement à l’abri des énormes
pierres. A une centaine de toises se dressait le dolmen
par lequel il était arrivé ici. Ce dernier
offrait en outre une excellente solution de combat car
il pouvait circuler rapidement entre les mégalithes
contrairement à son adversaire. C’est donc
là qu’il allait jouer au chat et à
la souris !
La poursuite s’engagea. Le tigrelion sauta vers
Keirghar et lui donna un coup de patte
à assommer un taureau. Le nain roula sur le côté
et se relava quasi instantanément. Alors que
le félin arrivait sur lui, il arma son coup et
gifla le félin du plat de sa hache. Ce dernier
s’effondra sous la violence du coup. Le nain mît
à profit ce répit pour courir vers le
tumulus de pierres. Il entendît la bête
se relever et se lancer à sa poursuite. Au moment
d’arriver au dolmen , il anticipa l’attaque
et se jeta entre les rochers qui supportait le «
toit » de la structure. L’animal se cogna
contre le dolmen et recula sous l’impact. Sonné,
il s’assit en face du nain et commença
à lécher ses blessures. Keirghar
regarda son adversaire et sourit.
- On dirait qu’il va falloir que tu te trouves
un autre petit déjeuner ! dit-il en soufflant.
L’animal le regarda, se leva et s’étira
en faisant crisser ses griffes acérées
sur le sol rocailleux. Puis, comme si rien ne s’était
passé, il repartit vers la montagne sans doute
en quête d’une nouvelle proie.
Keirghar songea alors à l’étrange
quête dans laquelle il s’était lancé.
Tout avait commencé quelques mois plus tôt
alors qu’il forgeait tranquillement chez lui,
au Val de Kaol’ker. C’était l’un
des meilleurs forgerons de la communauté naine
et beaucoup venaient le voir pour lui demander conseil
ou lui commander une arme. Ce jour là, un étranger
s’approcha de la forge et interrogea le nain.
" - On m’a dit que tu étais un excellent
artisan Sire Keirghar et j’aurais
besoin d’un travail très spécial.
- Et de quoi s’agit-il ?
- As-tu entendu parler du métal céleste
?
- Oui, mais personne n’en a vu depuis des siècles.
Il paraît qu’il faut trouver le point de
chute d’une étoile pour en obtenir…
mais où voulez-vous en venir ?
- Je sais où trouver le métal en question.
"
Keirghar regarda son interlocuteur
avec stupeur puis se ressaisit rapidement.
" - Ou est le piège ? N’importe quel
être sensé minerait pour son compte et
se ferait une fortune en vendant les pierres…
pourquoi venir me voir et me révéler ceci
?
- Les biens matériels ne m’intéresse
pas Keirghar de Kaol’ker. Je
t’indique comment aller à l’endroit
en question et la seule chose que je demande est que
tu me fabriques une dague en métal céleste
et que tu y enchâsses cette gemme. Je te donne
la gemme immédiatement à titre de garantie
pour toi si tu acceptes de te rendre sur place pour
récupérer le métal.
- Pourquoi n’y allez-vous pas vous même
? Vous pourriez me ramener juste la quantité
de métal nécessaire…
- Tu es un digne représentant de ta race Keirghar
de Kaol’ker, méfiant jusqu’au bout
! Hahaha !
- Oui peut-être mais cette attitude m’a
jusqu’ici gardé en vie.
- Et si je te disais que je te donnerai ton poids en
pierres précieuses si tu reviens avec ma commande
? "
Keirghar se mît à penser
à toute vitesse… Une telle somme ferait
de lui l’un des hommes les plus riche du royaume
et lui permettrait en outre de réaliser un vieux
rêve : construire son académie ! Il aurait
alors tout le temps de se consacrer à l’œuvre
de sa vie et pourrait enseigner aux jeunes nains l’art
de la forge.
" - Montre moi ces richesses et je partirai sur
le champ
- Entendu Messire Keirghar. Mon nom
est Radiar Drasbise et mon château est à
une centaine de lieues à l’ouest d’ici.
Sois y d’ici un mois et je te montrerai ta récompense.
"
Comme convenu, Keirghar quitta Kaol’ker
et se rendit chez le seigneur Radiar. Il fût époustouflé
par la quantité de richesses que ce dernier avait
accumulé…
" - Un marché est un marché, ou dois-je
me rendre pour trouver votre métal céleste
?
- Va vers le nord en partant d’ici, tu trouveras
un dolmen à une dizaine de lieues. Trois runes sont gravées
dans la pierre, tu les toucheras successivement avec
cet anneau à la main et tu seras téléporté
à l’endroit voulu. Récupère
sur place le métal et contactes moi au moyen
de cet anneau. Il te suffira de prononcer la phrase
idoine pour revenir alors ici et terminer ta tâche.
"
Keirghar sortit
de sa rêverie et se rendit compte qu’il
s’était assoupi sous le dolmen. Il décida
que ce serait un bon endroit pour dresser un camp pour
la nuit. Il regarda une seconde l’anneau qu’il
portait au doigt et partit ramasser un peu de bois sec
pour son campement. Non loin de là, tapis dans
l’ombre, une paire d’yeux l’observait…
NB
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